LETTRE OUVERTE A MONSIEUR JOSEPH KABILA KABANGE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

  

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR JOSEPH KABILA KABANGE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

 

Objet : Epargnez le peuple congolais du péril démocratique

           pouvant entrainer un bain de sang inutile !

 

Monsieur le Président de la République,

 

Avant toutes choses, je voudrai vous rappeler humblement qu'en Décembre 2005, votre famille politique et vous-même en tête aviez incité le peuple congolais à voter massivement pour la Constitution qui nous régit actuellement, alors que nous estimions, « in ile tempore non suspecto » que ce texte constitutionnel n'était pas adapté aux réalités socio-politiques de notre pays.

Il est étonnant de constater que c'est encore vous et votre famille politique qui aujourd'hui avez décidé de tuer votre « poule aux œufs d'or » face aux enjeux politiques du moment.

 

Cependant, permettez-moi d'introduire ma communication de ce jour par un adage Kongo qui dit : « Mateka kala sima kala ! » entendez par là : ce qui a été sera ou mieux, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

 

Monsieur le Président de la République,

 

Souvenez-vous de ce qui s'est passé au Niger en février 2010.

Le Président Mamadou Tandja, en voulant s'offrir le luxe d'une présidence à vie, a procédé à la désarticulation honteuse de l'architecture constitutionnelle de son pays, après dix (10) années d'exercice du pouvoir issu pourtant des élections.

De ce fait, il fit le choix personnel de l'humiliation et de l'opprobre, en lieu et place d'une sortie politique digne et honorable.

En conséquence, cela lui a valu une réplique que tout démocrate avisé a qualifiée de « acte de salubrité politique ! ».

 

Monsieur le Président de la République,

 

Avant de poursuivre mon propos de ce jour, je me permets de vous remettre en mémoire les prescrits de l'article 69 de la Constitution qui nous régit, lesquels imposent au Président de la République, que vous êtes, entre autres la responsabilité de veiller au respect de la Constitution ; tandis que le dernier alinéa de l'article 64 de la même Constitution dispose que « toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la Nation et l'Etat. Elle est punie conformément à la loi ».

 

C'est pourquoi, il me parait superfétatoire de faire revenir à votre conscience que la démocratie est une culture, une réalité qui permet l'alternance, le pluralisme, le respect des droits de l'homme et des libertés individuelles, l'égalité des chances, les débats démocratiques, … bref, le refus inconditionnel de la pensée unique.

Malheureusement, force est de constater dans votre chef et celui de votre famille politique, l'AMP et Alliés, le refus de se plier à ces fondements indéboulonnables de la démocratie, à ces paradigmes sans le respect desquels point de salut pour les gouvernants et les gouvernés.

 

Il est certes et vrai que la révision constitutionnelle constitue un exercice démocratique normal dans la mesure où elle se conforme à la règle du jeu.

Cependant, il est encore plus vrai que la motivation de toute révision constitutionnelle doit impérativement répondre aux intérêts supérieurs de la Nation et à l'intérêt général.

Quel est le bien fondé de votre tentative d'amender la Constitution à quelques mois des échéances électorales par rapport au bien être du peuple congolais ?

 

Monsieur le Président de la République,

 

Il vous souviendra que c'est à vous et à vous seul que le peuple congolais avait placé sa confiance lors des échéances électorales de 2006 et non à tous ces prébendiers, ces politiciens véreux et opportunistes, ces maitres-griots qui vous poussent actuellement à une prise illégale d'initiative dangereuse pour la cohésion nationale.

C'est donc à vous et à vous seul que ce peuple demandera des comptes à la fin de la mandature actuelle, pendant que toute votre famille politique se la coulera douce en attendant de rejoindre avec armes et bagages la nouvelle majorité.

L'histoire politique récente de ce pays, particulièrement l'épisode relatif au départ précipité du Maréchal MOBUTU SESE SEKO et de l'entrée de l'AFDL nous édifie largement à ce sujet.

 

Cependant, narguer tout un peuple qui a faim et qui vit dans une misère inacceptable, mais qui a soif de liberté démocratique et de développement intégral, est carrément suicidaire.

Et pire, lorsque vous et votre famille politique lui avez débité des nombreux slogans non réalisés, notamment : « quinquennat social, fini la recréation, l'ouverture des portes des prisons (pour l'entrée ou la sortie ?), 5 chantiers, tolérance zéro, année du social, sans oublier cette affirmation audacieuse selon laquelle le peuple congolais vit mieux qu'il y a quinze ans », cela relève du sadisme entaché de mépris et du dédain.

 

En vérité, le peuple congolais, vous n'avez qu'à scruter les signes du temps, refuse actuellement de laisser se développer devant ses yeux une dérive dictatoriale sinueuse. Ses réactions risquent de nous surprendre tous : Je l'ai personnellement compris lors de mes différentes vacances parlementaires qui m'ont permis d'entrer en communion avec le souverain primaire.

 

Et en ce moment, un coup d'Etat constitutionnel en République Démocratique du Congo entrainera inéluctablement un bain de sang inutile qui conduira le pays dans un schéma dont l'issue macabre contribuera à anéantir les efforts et sacrifices consentis par le peuple congolais depuis le démarrage du processus démocratique dans notre pays.

 

Monsieur le Président de la République,

 

L'histoire nous démontre que les pyromanes ne se transforment jamais en sapeurs pompiers !

 

C'est pourquoi, il vous sera donc impérieux de calmer les ardeurs de celui que la population considère à ce jour comme votre porte-parole personnel et qui multiplie des points de presse provocateurs et intimidateurs, aux conséquences incertaines et insurmontables.

Nul n'ignore que la finalité de ses excès de zèle n'est autre que de pérenniser les différents dividendes qu'il retire de sa situation actuelle après avoir joué le même rôle nocif pendant la deuxième République.

Rappelez-vous qu'il a été tour à tour Mobutiste, Tshisekediste, Kagamiste, avant de se faire rabrouer par le vaillant compatriote Mzee Laurent Désiré KABILA et hélas, atterrir enfin comme Josephiste, en attendant demain, le vent nouveau, après vous, Monsieur le Président de la République.

 

Avant de terminer, je me permets de vous renvoyer à votre serment constitutionnel par lequel vous avez juré solennellement devant Dieu et la Nation d'observer et de défendre la Constitution et les lois de la République, de sauvegarder l'unité nationale, de ne vous laisser guider que par l'intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toutes vos forces à la promotion du bien commun et de la paix et enfin de remplir, loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui vous ont été confiées.

 

De ce fait, il vous serait judicieux et responsable de prendre en considération l'indignation de la population congolaise, telle que traduite par les fiches et B.I de vos multiples services de renseignement.

Face à la tentative de la révision constitutionnelle à laquelle vous pousse actuellement votre famille politique, il serait absurde de léguer à la République un Président élu à un suffrage avoisinant les 15%, dans le seul but que vous soyez réélu.  

Or, en matières électorales, l'essentiel n'est pas de se classer premier par rapport à ses concurrents mais plutôt de fédérer le plus grand nombre possible de ses concitoyens à son contrat social.

 

Je vous saurai gré de bien vouloir considérer ma démarche de ce jour comme l'expression du devoir que m'impose l'alinéa 1 de l'article 64 de la Constitution de la République qui dispose : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ».

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments patriotiques.

 

Fait à Kinshasa, le 08 Janvier 2011

 

Jean Claude VUEMBA LUZAMBA

Président National du MPCR




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