LETTRE OUVERTE AUX DEPUTES NATIONAUX DE LA MAJORITE
LETTRE OUVERTE AUX DEPUTES NATIONAUX DE LA MAJORITE
Motion de censure contre le Gouvernement MUZITO II : Test de citoyenneté !
Il est vrai que la démocratie est la loi du plus grand nombre ; il est vrai aussi qu’en démocratie, lorsque la majorité se prononce sur une question, la minorité est tenue de s’y conformer, de se ranger et de subir.
Cependant, il est tout aussi vrai que dans une vraie démocratie, celle comprise comme étant le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple à travers ses représentants, la Majorité ne peut que refléter les aspirations de la population c'est-à-dire du Peuple Souverain ou mieux du Mandant.
C’est ce que toute la population congolaise attend de l’Assemblée Nationale lors de la séance plénière consacrée à l’examen de la motion de censure contre le Gouvernement MUZITO II.
Ironie du sort et comme il n’y a pas de hasard sur cette terre des hommes, cette séance plénière est programmée à quelques jours du 17 Mai, date à laquelle bon nombre de nos concitoyens célèbrent la Libération de notre pays par les troupes de l’AFDL de Laurent Désiré KABILA.
Et lorsque l’on sait que le Pouvoir actuel en République Démocratique du Congo se targue d’être l’émanation, la continuation, la consolidation et même la pérennisation de l’esprit et de l’action de Laurent Désiré KABILA, nous pouvons affirmer que la séance plénière dont question à l’Assemblée Nationale ne sera que la rediffusion d’un match déjà joué et dont le résultat est connu, à savoir : « la libération du peuple congolais ! ».
Le contraire nous pousserait à affirmer que Laurent Désiré KABILA est mort pour rien ! Le contraire nous amènerait également à croire que le peuple congolais n’est pas encore libéré de toutes les tares qui minent son système de gouvernance.
Libération de la dictature, de la mégestion et de la misère de tout un peuple. Telle était du moins la définition de l’action, de l’esprit et de la volonté de Laurent Désiré KABILA.
Nul n’ignore que Laurent Désiré KABILA n’hésitait pas à envoyer au Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa quelques uns de ses Ministres, de ses hauts Cadres, bref de son apparatchik ayant commis des actes répréhensibles.
Pourquoi alors, ses poulains se complaisent dans un laxisme indescriptible frisant la complicité au regard de tous ceux qui ont transformé ce pays à un jouet personnel ?
Députés Nationaux face à votre conscience
Mesdames et Messieurs les Elus de la Majorité, vous à qui la population congolaise avait fait confiance il y a de cela quatre ans lors des élections générales de 2006, vous qui constituez la majorité actuelle au sein de l’hémicycle et qui par conséquent avez la capacité de changer l’histoire de ce pays, sachez une seule chose : « le peuple et la Nation toute entière vous observent ! ».
Allez-vous encore laisser vos électeurs subir les affres de la dictature, de la mégestion et de la misère ?
Dictature d’une Majorité négative c'est-à-dire une Majorité sans conscience et qui ne réagit que par rapport à ses intérêts personnels, reléguant de ce fait même aux calendes grecques les aspirations de ceux qui vous ont accordé leur suffrage.
Dictature du « mot d’ordre », lequel se traduit concrètement par des espèces sonnantes et trébuchantes, puisées dans les caisses de l’Etat et distribuées sans aucun scrupule dans une ferme de la périphérie de Kinshasa et sur l’ex avenue Valcke.
Dictature de certains accords contre nature, lesquels n’ont pour finalité que le Pouvoir pour le Pouvoir.
Non ! Mesdames et Messieurs de la Majorité à l’Assemblée Nationale, nous sommes convaincus que vous valez plus que cela ! Et c’est pour cela d’ailleurs que vous aviez recueilli nos suffrages en 2006 et que nous vous avions mandaté pour parler et agir en notre lieu et place.
Le peuple congolais n’est ni rancunier, ni revanchard. Il est donc prêt à oublier et à passer l’éponge sur toutes les bévues que vous avez accumulées depuis le début de votre mandat, si et seulement si vous lui donnez en cette occasion un signal fort lui permettant de se rassurer que vous êtes réellement ses véritables représentants et que vous mettez son intérêt au centre de vos actions. Sinon, 2011 n’est plus loin et la sanction sera sévère !
En effet, comment pouvez-vous continuer à soutenir un Gouvernement qui a démontré son incapacité à répondre aux besoins sociaux de base de la population qui vous a mandaté ? Au nom de quel principe pouvez-vous renouveler la confiance à un Gouvernement qui se caractérise par un immobilisme aussi flagrant ?
Comment pouvez-vous voter pour le maintien d’un Gouvernement qui n’arrive par à assurer la sécurité des biens et des personnes, qui se caractérise par une mauvaise appréciation des priorités et une lamentable affectation de maigre ressource disponible de la République et qui a érigé la corruption, le détournement des deniers publics, l’enrichissement sans cause et le népotisme en système de gestion ?
Mesdames et Messieurs de la Majorité à l’Assemblée Nationale, vous et nous, nous évoluons dans le même espace de 2.345.000 Km2 que le bon Dieu nous a donné comme pays, à savoir la République Démocratique du Congo que d’aucun qualifie à juste titre comme étant tout simplement un scandale de la nature ; car il regorge en son sein des potentialités incommensurables telles que :
- Un sous sol débordant des minerais dont 50 (cinquante) variétés ont été détectées à ce jour, mais malheureusement moins de la moitié seulement sont exploitées ;
- Une végétation, une flore et une forêt des plus luxuriantes classifiant le pays au rang de patrimoine mondial sans aucun programme à effet visible en faveur de sa population mais avec une pollution environnementale de plus en plus croissante du fait entre autre de l’exploitation pétrolière ;
- Une réserve d’eau (rivières, lacs, fleuve et mer) qui constitue en elle seule l’un des enjeux les plus importants des décennies à venir de part ses multiples dérivées dont la gestion se réalise dans l’insouciance totale de ses dirigeants et à fortiori de sa population.
Par contre, on retrouve sur ce même espace une population des plus misérables, vivant au seuil de la limite de la pauvreté et préférant le retour des colons belges ou que survienne la mort face aux conditions de vie quotidienne à laquelle elle est soumise, se traduisant notamment par :
- L’incapacité de la majorité de la population à s’offrir 3 (trois) repas équilibrés par jour, à moins d’une intervention divine ;
- La multiplication des délestages dans un pays qui dispose d’une capacité hydroélectrique d’Inga et le manque d’accès à l’eau potable au regard de tous les cours d’eau qui baignent le pays ;
- L’inaccessibilité aux soins de santé primaire de la plupart de la population entrainant un taux de mortalité à coefficient vertigineux dû souvent au manque d’antibiotique d’une valeur de 2 (deux) dollars usd, réduisant de ce fait l’espérance de vie à moins de 50 (cinquante) ans d’âge ;
- Le faible taux de scolarité de la population lié au coût élevé de l’enseignement dont la gratuité est consacrée par la Constitution lequel réduit l’espérance de tout un peuple à ce que d’aucuns appellent « chance eloko pamba » ;
- L’assiduité à la prière, conséquence d’une foi motivée par la situation de misère dans laquelle vit la population et la poussant à prier plus qu’à travailler car le travail ne représente et ne rapporte plus rien.
Les raisons de soutenir la motion de censure
Au regard de ce bref aperçu de la situation de la République Démocratique du Congo dans son être et dans ceux qui y vivent, tout le monde s’accorde à dire : « il y a quelque chose qui ne va pas… Tout ceci n’est pas normal… Ça ne peut pas continuer comme cela ! ».
Cependant, face à ces interrogations légitimes, il y a lieu de trouver des réponses pertinentes permettant non seulement de bien cerner la situation actuelle mais surtout d’y apporter des solutions idoines pour l’avenir.
Donc, il faut changer !
Très Honorables et Distingués Députés de la Majorité à l’Assemblée Nationale, si la misère ne vous touche pas encore à ce jour, car vous bénéficiez de certains avantages obscurs, pensez au moins aux membres de vos familles qui croupissent comme nous dans la misère ; pensez à vos électeurs qui vous attendent dans un an.
Quel discours allez-vous encore tenir ? Comment expliquerez-vous à cette population que, durant cinq années, vous avez soutenu l’insoutenable et ce, au détriment de leur sort ?
Avez-vous déjà eu le temps de vous rendre dans les morgues de nos hôpitaux afin de compter le nombre des Congolaises et Congolais qui chaque jour passent de vie à trépas ? Savez-vous seulement que bon nombre parmi eux ont quitté cette terre de nos ancêtres par manque d’un antibiotique de 1.500 (Mille cinq cents) Francs Congolais ?
Arrêtez de vous comporter comme des assassins, car, la non-assistance à personne en danger constitue une infraction punissable en République Démocratique du Congo. Et votre attitude risque de vous faire figurer sur la liste des complices ou mieux des co-auteurs de la misère de tout un peuple : c’est ce qu’on appelle en d’autres termes un GENOCIDE !
Echos des sans voix
Le peuple congolais tout entier vous observe et il attend de vous, au moins cette fois-ci, une seule réponse, à savoir : LA LIBERATION !
Libérez-nous, Mesdames et Messieurs de la Majorité à l’Assemblée Nationale !
Libérez-nous de ce Gouvernement incompétent !
Libérez-nous de cette misère !
Libérez-nous de cette situation de sous-homme !
Lorsque vous vous retrouverez seul dans l’isoloir, sachez que l’avenir de tout un peuple est entre vos mains. Votez en âme et conscience afin de nous débarrasser de cette gangrène cancérigène qui a atteint le degré de métastase et qui n’est autre que les Gouvernements GIZENGA I et II, suivis de MUZITO I et II.
La Nation vous en sera reconnaissante et s’en souviendra sans aucun doute l’année prochaine lors des échéances électorales.
Toutefois, sachez également que la Nation se souviendra encore plus de toute position contraire à sa volonté que vous auriez prise, et ça sera à son tour de vous sanctionner.
Merci de nous libérer du Gouvernement MUZITO II !
Aux Députés Nationaux de l’Opposition
Vous constituez à ce jour l’espoir de tout un peuple face à la déliquescence du pays par le Gouvernement de la République soutenue par sa Majorité Parlementaire.
Vous êtes tenus de vous assumer afin de ne pas diluer l’espérance d’alternance politique qui couvre au plus profond de toutes les Congolaises et les Congolais.
A la moindre tentative de blocage ou de tricherie que vous pourriez observer dans le chef de vos collègues de la Majorité, prenez vos responsabilités et agissez en conséquence.
Sachez que vous aussi, le peuple vous observe !
Fait à Kinshasa, le 18 Mai 2010
Elyse KUMPALA
Analyste Politique