Le Phare n°4067 du mercredi 27 Avril 2011

Opposition : L'heure est grave

Etienne Tshisekedi a remis à la presse, en marge de son meeting du dimanche 24 avril 2011, ce qu'il appelle « message additif » destiné aux non locuteurs du « lingala », la langue dans laquelle il s'est adressé à plus de 70.000 personnes entassées dans les tribunes et gradins du Stade Tata Raphaël. II rappelle, succinctement, le combat de son parti pour casser la dictature de Mobutu, l'illusion démocratique créée par l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), la fin des guerres fratricides et de la partition du pays grâce au Dialogue Inter- congolais, l'épisode peu glorieux de la transition avec le régime 1+4, les élections de 2006 marquées par le non respect de la vérité des urnes, la première législature avec ses essais-erreurs.

Bref, selon le leader de l'UDPS, l'Etat de droit, a démocratie, la justice, le bien-être social; la bonne gouvernance, la sécurité sociale, le changement des mentalités, le sens du bien commun et l'intérêt collectif, la distribution équitable des richesses nationales, le développement intégré auquel aspire le peuple congolais restent encore du domaine des rêves.

Aussi, dans le souci d'impulser une « alternative crédible », il en appelle à un vote utile de la part non seulement des combattants de I'UDPS mais aussi de tous ceux qui opèrent dans les rangs des partis et regroupements de l'opposition.

Les observateurs, qui étaient en embuscade dans le suivi de la pensée d'Etienne Tshisekedi, ont finalement déniché le « gibier ». Ils ont entendu le Lider Maximo décliner, sans détours, que « l'heure est grave pour les forces de l'opposition acquises au Changement ». Cet appel à l'unité de l'opposition s'est voulu une exhortation à la mise en commun des idées et des énergies en vue d'élaborer un programme commun de gouvernement.

Celui qui s'est présenté comme candidat à la magistrature suprême du pays mais qui n'a jamais revendiqué le monopole du pouvoir d'Etat a surpris tout le monde en déclarant urbi et orbi « Mwana moke pe abeta mbonda, bakolo pe babinaka » (Un gosse est capable de battre le tam-tam et de faire danser des adultes). Contrairement aux affirmations de ceux qui le dépeignent comme un partenaire imbu de lui-même, il se déclare partisan de l'idée visant l'identification des partis et membres de l'opposition, lancée l'année dernière par quelques « enfants terribles » de cette plate-forme réunis en juillet 2010 au siège du MPCR (Mouvement du Peuple Congolais pour la République), le parti cher au député national Jean-Claude Vuemba, dans la commune de Ngiri-Ngiri.

 « J'adhère à cette idée et je lance un appel solennel à toutes les forces du changement pour que dès la semaine prochaine, des discussions débutent dans ce sens », a-t-il clamé. Pour ceux qui connaissent le sphinx de Limete, victime attitrée des coups bas portant les signatures de sa multitude de partenaires et alliés politique, une telle démarche vaut tout son pesant d'or.

Le bal des chauves peut donc commencer dans la « maison » opposition, où chacun est appelé à se déterminer clairement avant les échéances électorales. « Ainsi, nous connaîtrons définitivement le nombre des partis, groupements et associations qui composent l'Opposition. Et de ce fait, nous saurons qui est avec nous qui n'est pas avec nous », dit-il. A entendre parler Etienne. Tshisekedi, on pourrait croire qu'il était présent à la rencontre dé prise de contact organisée à Ngiri-Ngiri alors qu'à cette date, il séjournait encore à Bruxelles, dans la fièvre des préparatifs du Congrès de on parti et de son retour imminent à Kinshasa.

Mais, le délégué de l'UDPS ayant répondu à l'invitation de Vuemba avait assuré les participants de la totale adhésion de celui-ci à toutes les initiatives et stratégies destinées à fédérer l'opposition, de manière à en faire un bloc uni et fort à l'occasion des élections toutes proches. Démocrate, Tshisekedi s'en remet donc à la sanction de sa famille politique en ce qui concerne la bataille de la conquête démocratique du pouvoir.

Kimp