Retour des villes-mortes, les opposants jurent d paralyser le pays
AfricaNews n°544 du mercredi 12 au jeudi 13 Janvier 2011
MERE DES BATAILLES AU PALAIS
Retour des villes-mortes, les opposants jurent d paralyser le pays
Ce n’est pas l’impasse mais on y est presque. Après avoir obstrué la poursuite des débats sur la révision de la constitution mardi 11 janvier à l’hémicycle, les opposants envisagent sérieusement la descente dans la rue. Concrètement, ils projettent les opérations ville-morte, probablement dès le week-end prochain. Leurs états-majors s’y affairent. L’occasion est ainsi donnée à l’opposition extraparlementaire logiquement exclue du jeu dans les chambres de joindre sa voix à celle de ses pairs de l’opposition institutionnelle. Les opposants désapprouvent la manière dont la procédure de révision a été menée par la majorité. A commencer par le façonnage de la proposition de loi portant révision. Clément Kanku explique qu’une proposition de loi émanant d’un député doit préalablement être déposée au bureau de l’Assemblée, qui l’envoie au gouvernement pour appréciation. « Or, dans le cas d’espèces, il n’y a rien qui atteste que la proposition mise à la disposition des députés mardi 11 Janvier vient du gouvernement », affirme-t-il. Kanku se plaint d’autres irrégularités comme, cite-t-il, le manque d’accusé de réception du bureau sur la proposition, les disparités des dates, les doublons et le recours, à certains endroits, aux paraphes à la place des signataires.
Vuemba : sa promesse d’aboutir aux conséquences incalculables
La situation politique de l’heure dominée par le débat autour de la révision de la Constitution du 26 février 2006 n’a pas laissé indifférent le député Jean Claude Vuemba Luzamba, président national du MPCR, qui vient d’adresser une lettre ouverte au chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour lui demander de faire tempérer les ardeurs de ses courtisans qui sont en train de vouloir confondre vitesse et précipitation.
Vuemba rappelle, en effet, qu’en décembre 2005, la famille politique du chef de l’Etat avec en tête lui-même avaient battu campagne pour que le peuple RD-Congolais vote massivement pour la Constitution qui régit actuellement le pays, alors que selon JCV, ce texte constitutionnel n’était pas adapté aux réalités socio-politiques de la RD-Congo. « Il est étonnant de constater que c’est encore vous et votre famille politique qui aujourd’hui avez décidé de tuer votre poule aux œuf d’or face aux enjeux politiques du moment », regrette-t-il en fixant son regard sur les prescrits de l’article 69 de la Constitution qui imposent au Président de la République, entre autres, la responsabilité de veiller au respect de la Constitution, tandis que le dernier alinéa de l’article 64 de la même Constitution dispose que « toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la Nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi ».
Le Président du MPCR souligne dans son brûlot que la démocratie est une culture, une réalité qui permet l’alternance, le pluralisme, le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles, l’égalité des chances, les débats démocratiques… bref, le refus inconditionnel de la pensée unique et que malheureusement, le refus de se plier à ces fondements indéboulonnables de la démocratie, à ces paradigmes sans le respect desquels point de salut pour les gouvernants et les gouvernés, est en train de s’enraciner dans la vision de la Majorité au pouvoir. S’il est vrai que la révision constitutionnelle constitue un exercice démocratique normal dans la mesure où elle se conforme à la règle du jeu, il doit encore être plus vrai que la motivation de toute révision constitutionnelle doit impérativement répondre aux intérêts supérieurs de la Nation et à l’intérêt général, estime l’auteur de la lettre ouverte tout en se demandant quelles sont les motivations de la tentatives d’amender la Constitution à quelques mois des échéances électorales par rapport au bien être du peuple RD-Congolais. « Monsieur le Président de la République, il vous souviendra que c’est à vous et à vous seul que le peuple congolais avait placé sa confiance lors des échéances électorales de 2006 et non à tous ces prébendiers, ces politiciens véreux et opportunistes, ces maitres-griots qui vous poussent actuellement à une prise illégale d’initiative dangereuse pour la cohésion nationale », écrit JCV, notant que c’est au chef d l’Etat et à lui seul que ce peuple demandera des comptes à la fin de la mandature actuelle, pendant que toute sa famille politique se la coulera douce en attendant de rejoindre avec corps et biens la nouvelle majorité.
D’où, conseille Vuemba, en ce moment, un coup d’Etat constitutionnel en RD-Congo serait une démarche suicidaire inutile et capable d’entrainer des conséquences incalculables qu’il faut éviter à tout prix. L’histoire démontre que les pyromanes ne se transforment jamais en sapeurs pompiers ! C’est pourquoi, l’homme de Kasangulu pense qu’il est impérieux que le chef de l’Etat calme les ardeurs du ministre des Médias qui multiplie des points de presse provocateurs et intimidateurs aux conséquences incertaines et insurmontables. « Je me permets de vous renvoyer à votre serment constitutionnel par lequel vous avez juré solennellement devant Dieu et la Nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République de sauvegarder l’unité nationale, de vous laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine de consacrer toutes vos forces à la promotion du bien commun et de la paix et enfin de remplir loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui vous ont été confiées », écrit Vuemba.
Laurent BUADI