Samy BADIBANGA et Jean Claude VUEMBA au Parlement Européen : le mal en RD Congo, c’est la crise de légitimité
Samy BADIBANGA et Jean Claude VUEMBA au Parlement Européen : le mal en RD Congo, c’est la crise de légitimité
Samy Badibanga, président du groupe parlementaire congolais UDPS et alliés a donné une conférence le jeudi 20 février 2014 dans la salle 3G3 du Bâtiment Spinelli au parlement européen: " RD Congo, quel avenir?"
C'était sur invitation du député socio démocrate allemand Norbert Neuser, sous la modération de l'ancien député européen Ecolo, Frank Schwalba-Hoth.
Dans son mot d'accueil, l'eurodéputé Norbert Neuser a signalé que la RD Congo se préparait à vivre bientôt plusieurs élections. C'était un moment de souci et d'espoirs. De soucis quand on se réfère à ce qu'avaient été les élections de 2006, et pire, celles de 2011. D'espoir parce qu’avec l'évolution à l'est de la RD Congo, grâce notamment à la pression internationale, on peut rêver que les minerais naguère pillés pour alimenter la guerre, pourraient servir au développement et au bien-être de la population.
Quant
aux élections, il a souligné que celles-ci doivent être libres, équitables et
transparentes.
Pour l’eurodéputé, les élections n'ont pas pour but de gratifier les
dirigeants, mais de donner au peuple l'occasion de se choisir ses élus. Les
élections sont une sorte de thermomètre pour mesurer le pouls du peuple, afin
de transformer ses aspirations en programme politique à mettre en application.
Les
gouvernants ne doivent pas intimider la population ni lui faire peur lors des
scrutins.
Quant à monsieur Samy Badibanga, il a introduit sa communication en disant
qu'il était un militant du progrès social, du dialogue entre
compatriotes. il a alors peint la situation actuelle du pays. Une
situation caractérisée par deux crises: l'une interne, l'autre externe.
La crise externe, c'est l'agression du pays par ses voisins, qui profitent de la faiblesse passagère de la RD Congo.
La
crise interne, c'est le manque de légitimité des institutions, surtout après le
hold-up électoral de novembre 2011, mettant le pays en situation de dualité au
sommet de l'État.
Et dans tout cela, c'est la population qui trinque avec des salaires impayés,
un panier de la ménagère inaccessible, un chômage endémique qui frôle les 95%.
Une lueur d'espoir aura été l'accord cadre d'Addis-Abeba qui recommandait une réconciliation et une ouverture démocratique. Ce qui poussera les gens du pouvoir à convoquer les concertations nationales. Hélas, cela se fera d'une façon cavalière, sans aucun souci de recherche de consensus, sans volonté de donner suite aux préalables avancés par "l'opposition". Conséquences, celle-ci boycottera ces concertations avec tout ce qui en découlerait dont l'éventualité d'un gouvernement post-concertation. Les effets pervers de cette pensée unique ne tarderont pas. Ainsi par exemple au Katanga, des troubles apparaissent déjà entre ceux du nord et ceux du sud.
Une amnistie de façade sera promulguée. Mais les personnalités phare de l'opposition en seront absents: Diomi, Kuthino, les prétendus assassins de M'ze Kabila...
Les gesticulations d'une plate-forme opportuniste dénommée "opposition républicaine" prête à entrer au gouvernement corps et biens sont un autre signe que les prétendues concertations n'étaient finalement que des arrangements pour permettre à certains assoiffés de pouvoir, (dont leur maître à penser Kengo) de revenir aux affaires pour s'en mettre pleins les poches… Au mépris de ce que les textes congolais disent de l'opposition: elle ne soutient ni le gouvernement, ni son programme.
Ainsi, que ce soit l'UDPS et alliés, le MLC ou l'UNC, ces groupes parlementaires ne se sentent pas concernés par l'éventuel gouvernement en gestation.
Quant à la période électorale qui pointe à l'horizon, elle risque d'être plombée par les décisions cavalières de l'abbé Malu Malu son président qui cherche à adapter la constitution à sa vision, alors que c'est la CENI qui doit s'adapter à la constitution. Son scénario d'organiser éventuellement les élections provinciales au scrutin indirect sont ni plus ni moins qu'un mépris de la constitution qui dit en son article 197 que les élections provinciales se déroulent au suffrage universel direct.
Le groupe parlementaire UDPS et alliés a décidé de marquer le curé à la culotte en sensibilisant tous les partenaires internationaux dont l'Union Européenne, pour qu'ils ne se laissent pas piéger par l'abbé Malu Malu dans un véritable déni de démocratie.
Durant le débat, plusieurs points ont été soulevés: le bilan de l'opposition dans cette assemblée nationale qu'un grand nombre de congolais considère comme une caisse de résonance kabiliste, vue la majorité mécanique qui y trône, la dénomination UDPS du groupe, alors que le Président du parti ne reconnaît pas cette institution...
Monsieur Samy Badibanga considère l'existence de leur groupe parlementaire comme une voix qui a ouvert beaucoup de portes sur le plan international. Cette conférence au parlement européen en est une illustration vivante. Le député Jean-Claude Vuemba du même groupe parlementaire et qui était dans la salle ajoutera: "Le pouvoir Kabila a peur de leur voix, surtout quand elle est complétée par les prises de position des Congolais vivant à l'étranger" dans leur dénonciation commune de l'illégitimité générée par le scrutin de novembre 2011.
Bruxelles, le
21 février 2014
Cheik FITA