Taux élevé de tribalisme au sein des partis politiques
Le Journal N°801 du 04 Mai 2011
Vu au baromètre politique
Taux élevé de tribalisme au sein des partis politiques
C’est depuis toujours qu’on assiste aux différentes et multiples dissensions internes qui sont cause de défections et d’éclatement qui caractérisent nos partis politiques. A l’examen, ces dissensions ont souvent pour origine la lutte de positionnement, le clientélisme, etc. tous teintés de tribalisme sur lequel sont bâties ces formations politiques et qu’on a aujourd’hui du mal à dissimuler.
Il suffit, en effet, de descendre à la base politique de chaque parti pour s’en rendre compte. La première impression est que les expressions dominantes sont les dialectes des tribus d’origine des présidents fondateurs des partis. Ainsi, dans tous nos partis, le taux de tribalisme est tellement élevé au niveau des bases politiques que le poison qui les pourrit, lentement et sûrement, vient de là.
Ainsi, la base du Pprd de joseph Kabila est une fourmilière des Swahiliphones, plus particulièrement les Katangais ; la base de l’Udps d’Etienne Tshisekedi, une caverne des Luba ; la base du Palu d’Antoine Gizenga, une chapelle des Pende ; la base du Mlc de Jean Pierre Bemba, une ruche des ngbaka ; la base du Pdc de José Endundo, une repère des Mongo ; la base Rcd/Goma d’Azarias Ruberwa, une toile d’araignée Tutsi ; la base du Pa de Tryphon Kin-Kiey, un conglomérat de ressortissant de Masimanimba ; la base de Bdn de Mwanda N’semi, un nid des Manyanga ; la base de l’Abako de Matusila, une loge des Kongo ; le Mpcr de Jean Claude Vuemba, un des Bantandu ; etc.
Ce constat est une évidence qui crée des foyers de belligérance au sein des partis. Pourtant, c’est connu que le tribalisme est une gangrène qui mine nos sociétés. Il convient donc de le débusquer impitoyablement dans les multiples coins de la vie politique, sociale, économique et culturelle, où il s’est incrusté. Car, le tribalisme, c’est ce virus qui ne laisse pas la place au cerveau ; c’est ce virus qui porte à la haine, à la discrimination, à la division, à la violence, à la tuerie, au massacre…
Les partis doivent être une expression de la démocratie. S’ils revendiquent, tous, le respect d’un système démocratique, leur tâche la plus difficile est celle de faire respecter les pratiques démocratiques. Un pays démocratique ne peut pas être dirigé par des partis qui n’ont pas une structure démocratique. La démocratie interne d’un parti se mesure dans les différentes procédures qui permettent son fonctionnement normal et harmonieux : choix des responsables du partis, des mécanismes de prise de décisions, règlement des conflits, système de sanction et comportement des membres.
En effet, les responsables du parti doivent être élus démocratiquement, au cours d’un vote libre et transparent. Cependant, l’élection de ces responsables n’est pas une garantie de démocratie. C’est pourquoi il convient que tous les organes du parti exercent effectivement leurs compétences afin que des mécanismes de contrepoids puissent empêcher des déviations.
Aussi, la nomination des candidats pour représenter le parti est-elle une décision très importante pour la vie du parti. La gestion des ambitions individuelles doit se faire de façon démocratique pour maximiser les chances de succès du parti. Ce choix doit être fondé sur le mérité, la compétence et l’assise populaire. Personne ne doit être empêché d’exprimer ses ambitions légitimes et il faut surtout éviter que des politiciens puissent bloquer l’accès des plus jeunes à la scène politique.
Force est de noter que la vie politique est une arène caractérisée par une psychologie des gladiateurs.
Des intérêts divergents y entrent nécessairement en conflit. Pour assurer la protection de leurs intérêts, les acteurs politiques ont tendance à afficher un comportement individualiste, tribaliste, consistant à ne compter que sur leurs propres forces, à ne se fier qu’à leurs initiatives propres. Pour ce faire, ils sont prêts à aller à l’encontre des statuts et du règlement intérieur du parti ; ils sont disposés à défier la volonté générale de leur association politique ou même à trahir les stratégies du parti et certains camarades.
Des tels comportements opportunistes conduisent à des frustrations. La malhonnêteté dans le jeu politique et dans la gestion des finances du parti, etc. sont des sources importantes de conflit. Toute gourmandise, tout clientélisme ou tout tribalisme dans la jouissance des résultats de la lutte politique conduit à des antagonismes souvent difficiles à réparer.
Les relations entre les membres du comité directeur et la base du parti ne doivent pas être tribales. Car, une association politique n’est pas un mouvement tribal ou ethnique. Ses méthodes de lutte diffèrent donc de celles d’autres groupes. La base doit respecter les dirigeants du parti, sans distinction de couleurs tribales.
Amiral Waterman