Vuemba veut un « programme commun » pour l'opposition
La Manchette n°1120 du vendredi 23 Avril 2010
Vuemba veut un « programme commun » pour l'opposition
Au cours d'un point de presse qu'il a animé samedi 17 avril, à Kinshasa, Jean Claude VUEMBA LUZAMBA, Président du MPCR (Mouvement du Peuple Congolais pour la République), propose aux forces élaborer un « programme commun » de gouvernement qui met l'accent sur des valeurs à promouvoir. Selon lui, le « leadership » capable d'incarner ces valeurs pourrait « surgir de lui-même ».
L'année 2011, c'est déjà demain. C'est en tous cas ce que semble dire Vuemba Luzamba. Le Président du MPCR tire la sonnette d'alarme pour sortir les forces politiques de l'opposition de leur indolence. « Nous pensons qu'il devient de plus en plus urgent que tous les partis, les personnalités et associations proches de l'opposition politique se regroupent non pas autour d'une personnalité quelconque, mais autour des idées, en vue d'assurer à notre peuple, qui n'a que trop souffert, une alternance crédible en 2011 « a-t-il déclaré ». « Une fois qu'un programme commun sera adopté à la satisfaction de tous, et cela est possible, le leadership surgira de lui-même », a-t-il souligné.
L'appel lancé par Vuemba ne vient ni trop tôt ni trop tard. Dans le camp kabiliste, la « campagne électorale » est déjà à l'ordre du jour. Les échéances politiques de 2011 sont devenues la priorité. Convaincus de l'atonie du camp adverse, les partisans de Joseph Kabila n'excluent pas une victoire de leur « joker » au premier tour de la présidentielle. Pour le moment en tous cas, aucune personnalité de l'opposition ne semble sortir du lot pour porter l'ambition collective de changement. « Il faut remporter l'élection dès le premier tour, avec une très large majorité, déclarait le ministre du plan Olivier Kamitatu dans une interview accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique. Le deuxième tour est une coquetterie démocratique ».
Venant d'une « petite » formation politique, l'initiative de Vuemba pourrait être accueillie avec une certaine bienveillance. Il faut espérer que les professionnels de la politique tapis dans les rangs de l'opposition comprendront que tout combat politique se gagne sur le terrain de l'union et de la solidarité. En 1972, le parti socialiste et le parti communiste français dirigés respectivement par François Mitterrand et Georges Marchais avaient lancé leur programme commun. Celui-ci a permis à la gauche française de conquérir les élections en 1981. A contrario, au Gabon, les candidats de l'opposition totalisaient plus de voix que le « président élu » Ali Bongo lors de la présidentielle de 2009. L'ambition personnelle a poussé les challengers à affronter l'adversaire commun en ordre dispersé.
« Jean Claude » sera-t-il entendu ? La question vaut la peine d'être posée dans la mesure où il est imaginable qu'un « leadership » puisse « surgir de lui-même » sans l'organisation des « primaires » au sein de l'opposition. Objectif : identifier l'homme qualifié tant par la force de ses convictions que par ses qualités de rassembleur pour traduire en paroles et en actes l'ambition collective au changement.
Au cours de son interview, le député Vuemba a décoché quelques « flèches » en direction du gouvernement du Premier Ministre Adolphe Muzito en matière de sécurité des personnes et des biens. Il a dénoncé la légèreté avec laquelle les affaires de l'Etat sont gérées. « Lorsqu'on analyse sans complaisance la situation sécuritaire du pays, nous constatons avec regret que les dirigeants actuels se complaisent à se comporter en véritables pyromanes, sans le moindre respect de la vie de la population ». L'orateur de citer à l'appui » le manque de volonté politique dans le règlement définitif de certaines situations sécuritaires dans le pays ». Pour lui, le gouvernement utilise « la carotte », quand il s'agit de l'Est, et « la bâton » pour l'Ouest du pays. Et de conclure que « cette politique de deux poids et deux mesures n'est pas de nature à assurer la concorde et la paix dans le territoire national ». Vivement la « pré-campagne électorale ! ».
Madeleine Wassembinya/B.AW (avec APA)