SCANDALE A L’ASSEMBLEE NATIONALE

 TRIBUNE LIBRE

SCANDALE A L’ASSEMBLEE NATIONALE

 

Grace à la RTNC, nous avons été nombreux à suivre ce jour la motion de censure contre le Gouvernement MUZITO II ; et, de l’avis de tous, on ne le dira jamais assez, la République Démocratique du Congo est devenu un pays qui offre à la face du monde le pire des spectacles jamais connus et rencontrés sous d’autres cieux.

Tenez : alors que la Nation toute entière attendait le dénouement de la motion de censure contre le Gouvernement Muzito II, elle a eu droit à un scénario inimaginable démontrant en fait le niveau d’immaturité de la classe politique congolaise.

 

En effet, comment comprendre qu’une poignée des militants d’un Parti Politique en l’occurrence le PALU puisse terroriser la deuxième Institution de la République, sous l’œil passif du Bureau de l’Assemblée Nationale, du Gouvernement de la République dans son ensemble ainsi que des Elus du peuple.

La question qu’on suppose est celle de savoir à qui incombe la responsabilité de ce rendez-vous manqué ? La réponse est simple : tout le monde a participé, d’une manière ou d’une autre, à ce lamentable spectacle qui ressemble à un grand complot ourdi contre le peuple congolais.

 

Le Bureau de l’Assemblée Nationale qui dispose de la Police de débat et à qui incombe la première responsabilité d’assurer la sécurité des biens et des personnes au sein de l’hémicycle s’est contenté de se lamenter face aux brouhahas alimentés par les militants du PALU, venus en très grand nombre soutenir le Premier Ministre Adolphe MUZITO. Alors que, logique aurait voulu que le Bureau de l’Assemblée Nationale fasse appliquer les dispositions pertinentes du Règlement Intérieur de cette Institution relatives à la sécurité des séances plénières en faisant appel à un renfort des agents de l’ordre afin de maitriser les militants de PALU ou carrément les faire évacuer de la salle pour permettre la poursuite de débat dans toute le sérénité que cela requiert.

 

Quant au Gouvernement de la République, il est regrettable de constater que, comme stratégie de se soustraire de la motion de censure, ce dernier utilise le vandalisme comme arme en par le biais des militantes et militants de PALU, lesquels, outrepassant les consignes qui leur ont été données, se sont même permis de bousculer les Elus du peuple dont le Président de l’Assemblée Nationale et de détruire certains bien de ce bijou hérité de la deuxième République qui n’est autre que le Palais du Peuple.

Ainsi, c’est pour la deuxième fois, en l’espace de quelques douze mois, que le Premier Ministre et son Gouvernement échappent à une motion de censure de l’Assemblée Nationale sans qu’il ait débat.

De qui se moque-t-on ?

 

Quant aux Elus du peuple, il sied de distinguer deux attitudes aussi scandaleuses l’une que l’autre de la part des Députés Nationaux de la Majorité et de l’Opposition.

En effet, les Députés de la Majorité se sont illustrés par une passivité déconcertante, oubliant qu’en leur qualité d’Elu du peuple, ce qui arrive aux autres aujourd’hui pourrait également leur arriver demain.

Cependant, la plus grosse déception émane des Elus de l’Opposition, pourtant initiateurs de ladite motion de censure mais qui n’ont eu comme reflexe que de désister de leur motion ; à se demander, pourquoi l’avaient-ils introduites ? Etaient-ce tout simplement pour amuser la galerie ou alors y-a-t-il eu une pression morale ou financière les ayant poussé à tourner casaque ? Dans les deux cas, cela dénote d’une légèreté intolérable.

On aurait mieux compris que ces derniers exigent du Bureau de l’Assemblée Nationale de remplir ses prérogatives en leur assurant la sécurité nécessaire dont ils avaient besoin pour entamer les débats avec sérénité plutôt que d’abdiquer sans avoir même essayé de combattre : c’est malheureux !

 

Toutefois, quel que soit la part de responsabilité des uns et des autres, ce qui s’est passé ce mercredi 19 Mai 2010 au Palais du Peuple restera gravé dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo comme un véritable scandale. Car, le peuple congolais dont toute l’attention était suspendue à cette motion de censure attendait de ces deux Institutions de la République, à savoir le Législatif et l’Exécutif, un vrai débat qui pouvait l’édifier sur la manière dont la res publica est gérée au quotidien. Le peuple souhaitait connaitre, au travers des arguments des uns et des autres, où se situe exactement la cause des malheurs dont il est victime à ce jour.

 

Hélas ! Au regard de ce qui s’est passé ce jour à l’hémicycle du Palais du Peuple, nous pouvons affirmer sans crainte d’être contredit que le plus grand perdant de ce jour n’est autre que le peuple congolais.

Aussi, le peuple devra-t-il tirer toutes les conséquences du théâtre qui lui a été offert ce jour et prendre à main sa propre destinée ; car il a eu la conviction qu’il ne peut compter que sur lui-même. Ne dit-on pas d’ailleurs « qu’on est mieux servi que par soi-même.

 

Peuple congolais, ouvrez l’œil et le bon !

 

Fait à Kinshasa, le 19 Mai 2010

Fabien KONDO wa KONDO

Professeur à l’Institut des Hautes Etudes Politiques et Panafricaines de Bordeaux/France

 



19/05/2010
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